Notre espèce s’est démarquée par la course d’endurance il y a 2 millions d’années.
Notre anatomie favorise la capacité à courir longtemps.
Le documentaire “Sommes-nous faits pour courir ” nous prouve que la nature nous a donné tous les éléments nécessaires pour se déplacer en courant.
La course à pied est l’activité sportive la plus pratiquée dans le monde.
Le nombre de coureurs réguliers explose chaque année en France.
L’industrie de la chaussure de course multiplie ses bénéfices pour aujourd’hui arriver aux chiffres incroyables de 20 milliards de dollars. L’évolution technologique n’a pourtant pas eu d’impact sur l’incidence des blessures. Aujourd’hui 1 coureur sur 2 se blesse malgré les “révolutions technologiques” de la chaussure.
Quelles sont les lésions les plus rencontrées chez le coureur ?
1) La lombalgie : courant chez le débutant, elle s’explique par un trouble de l’amplitude de course accentuée par la chaussure maximaliste. (Squadrone 2009)
2) Le syndrome fémoro-patellaire : trouble d’instabilité et de répétition du fait d’une mauvaise technique de course accentuée par la chaussure. (Hall 2013)
3) La tendinopathie rotulienne : trouble de surcharge par un travail excentrique trop important du tendon (attaque talon, descente de côte, squat…).
4) Le syndrome de la bandelette ilio-tibial (syndrome de l’essuie-glace) : trouble de répétition chez les coureurs de longue distance (marathon) et surtout chez le débutant. Les causes sont multiples (mécanique de course, instabilité de hanche, hyper pronation…).
5) Les fractures de fatigue : trouble de surcharge.
6) Les tendinopathies achilléennes : trouble du stress mécanique dans son ensemble (surentraînement, répétition, matériel…).
7) Les fasciapathies plantaires (aponévrosite plantaire) : trouble du stress mécanique dans son ensemble (surentraînement, répétition, matériel…).
Les blessures en course à pied sont dans 85 % des cas la conséquence d’un stress mécanique anormal du fait d’une mauvaise quantification de l’entraînement (intensité, volume, charge, dénivelé, surface…).
Pour éviter tout risque de lésion, le maître mot est progressivité.
Intéressons-nous maintenant plus en détail à des exemples de pathologies fréquentes chez les coureurs.

1. La périostite tibiale
Le mal du coureur.
La périostite tibiale est une pathologie de surcharge. Différentes réactions de stress du tibia et de la musculature environnante se produisent lorsque le corps est incapable de guérir correctement en réponse aux contractions musculaires répétitives et à la fatigue tibiale.
Elle fait partie de la même famille que les fractures de stress. Attention au diagnostic différentiel : si la douleur est précise sur une zone peu étendue, un examen éliminant la fracture de fatigue sera nécessaire.
La périostite est une inflammation de la membrane entourant l’os, le périoste. La douleur est toujours étendue le long de l’os et très souvent au niveau du tibia.
Pendant longtemps le monde médical pensait que les causes étaient des contraintes directes et excessives sur l’os. Cependant, de nouvelles données indiquent qu’un éventail de lésions du stress tibial est probablement impliqué. Comme par exemple, les dysfonctionnements des muscles tibial postérieur, tibial antérieur et soléaire.

Comment reconnaître les premiers symptômes ?
Pendant l’effort, les douleurs sont rarement importantes dans les premiers stades. C’est surtout le lendemain au levé que les premiers signes seront révélateurs.
Les premières sensations sont une raideur musculaire avec une douleur vive à la descente des marches et à la marche accélérée. Au toucher, la souffrance est bien plus grande sur une zone étendue.
Quelles sont les causes ?
Cette question n’a pas de réponse précise. Les Anglais l’appellent Médial Tibial Stress Syndrome, incluant de nombreuses pathologies. En effet, les causes sont nombreuses selon certains scientifiques :
- tendinopathie (tibial postérieur),
- syndrome musculaire (syndrome du soléaire),
- instabilité de la cheville et du pied (chute du naviculaire ; hyper pronation),
- instabilité de hanche,
- trouble de densité osseuse,
- IMC important,
- déficit articulaire (flexion de cheville).
Au final, le facteur de risque de la périostite est avant tout le mauvais ajustement des charges d’entraînement. Les troubles anatomiques doivent être traités en supplément sinon la pathologie reviendra.
Comment la traiter ?
Avant toute chose, il faut étudier la charge de l’entraînement et quantifier le stress appliqué durant les périodes d’efforts précédents.
Ensuite, après ajustement viendra la phase de rééducation. Elle consiste à diminuer les douleurs, à renforcer les zones faibles, à mobiliser les articulations raides et à stabiliser le membre inférieur (hanche, genou, cheville) et le rachis (dos).
Un professionnel de santé spécialisé dans la traumatologie du sport et la course à pied sera l’allié indispensable pour vous sortir de cette blessure.
Les vidéos ”miracles” sur le net ne reposent sur aucun fondement scientifique et ne doivent pas être prises à la lettre.
Chaque cas est différent, le traitement ne peut pas suivre un protocole.
Nous vous rappelons également que la cause principale est une mauvaise gestion de l’entraînement.
Le soignant doit se rapprocher de l’entraîneur.
La périostite nécessite de travailler la stabilité de la cheville (articulaire et musculaire), de la hanche et du bassin. Le Core Training et le travail des muscles intrinsèques du pied sont le secret d’une bonne prévention !

2. Le syndrome de l’essuie-glace
S’il existe une pathologie dévastatrice chez nos runneurs adorés, c’est bien le syndrome de la bandelette ilio-tibiale (SIBT) ou syndrome de l’essuie-glace.
Chaque année, 1 coureur sur 2 se blesse dans sa pratique sportive. Le genou est la zone articulaire la plus touchée.
Au centre de rééducation, le SIBT est la pathologie la plus fréquente notamment chez les débutants.
Comment reconnaître les premiers symptômes ?
La douleur se situe sur la face externe du genou et apparaît au bout d’un certain temps de course.
Quelles sont les causes ?
Les raisons sont multiples mais avant tout dues à une mauvaise quantification du stress mécanique : augmentation brutale du volume d’entraînement et/ou de l’intensité (piste), augmentation du travail spécifique (descente de côtes).
Les causes physiologiques ont un impact secondaire par rapport à la QSM.
Elles sont :
- une instabilité de hanche (adduction de hanche),
- très rarement une hyper pronation du pied,
- un déséquilibre musculaire (adducteur, quadriceps, ischio-jambier).
Régler ces troubles posturaux ne réglera en aucun cas une mauvaise quantification du stress mécanique, responsable à 85 % de la blessure chez le coureur.
Comment le soigner ?
Le premier réflexe en cas d’apparition des douleurs n’est pas la semelle orthopédique (action tertiaire) mais la diminution du volume, de l’intensité, de la descente de côtes.
Puis ensuite après un repos de quelques jours (2 à 3 jours), vous devrez fractionner votre course toutes les minutes par de la marche. En effet, vous remarquerez que le SIBT n’existe pas dans les sports collectifs dont la caractéristique est la course intermittente.
L’alternance course/marche est une bonne option à adopter au moment de l’apparition des premiers symptômes afin de ne pas tomber dans un arrêt complet.
Enfin, le dernier conseil est de s’entraîner sur des terrains instables évitant ainsi l’aspect répétitif d’un mouvement inflammatoire.
Dans un même temps, le travail de correction des troubles posturaux interviendra accompagné d’un professionnel de santé.
Pour finir, l’ajout transitoire de semelle orthopédique pourra venir compléter le traitement en cas d’échec.
Nous vous conseillons dans tous les cas de vous rapprocher de votre professionnel de santé spécialisé dans la course à pied, qui vous prendra en charge en adoptant les bons réflexes.

3. L’aponévrosite plantaire
Quels beaux mots pour de si terribles maux.
Tous ceux ou celles qui ont connu cette blessure s’en souviennent.
Comment reconnaître les premiers symptômes ?
Pendant un footing léger ou une séance de piste soutenue, la douleur apparait brûtalement comme une piqûre sous le pied. La marche devient tout de suite douloureuse. Le lendemain matin en sortant du lit vous n’arrivez plus à poser votre pied sans une intense douleur. Voilà vous êtes l’heureux propriétaire d’une aponévrosite plantaire…
Quelles sont les causes ?
La fasciapathie plantaire est une pathologie que l’on classe dans les troubles de quantification du stress. Il s’agit d’une blessure, la plupart du temps, due à une erreur d’entraînement : un volume de travail trop important (trop rapidement) ou des intensités inappropriées par rapport à son état de forme ou une reprise trop rapide après une coupure.
80 % des aponévrosites sont à classer dans cette catégorie.
Pour le reste les raisons peuvent être :
- un problème intrinsèque : trouble de la posture,
- un problème extrinsèque : changement de chaussure, surface de course trop régulière, semelle orthopédique, chaussure de course trop petite et/ou pas assez large à l’avant du pied.
Comment la soigner ?
Le premier réflexe est l’arrêt de toute activité douloureuse : marche et course principalement. Il est important de continuer à entraîner son corps en transférant vers une activité moins contraignante (natation, aquabike par exemple).
Le deuxième réflexe est de consulter un spécialiste afin de déterminer par une imagerie médicale (échographie ou IRM) la gravité de la blessure. Une immobilisation par botte de marche peut être conseillée en cas de fissure.
Le troisième réflexe est de “courir” vers son physiothérapeute (kiné) afin de débuter les soins le plus vite possible : correction des troubles de la posture, soulagement des tensions de la chaine postérieure (muscle à l’arrière du corps) et renforcement des muscles intrinsèques du pied (muscles sous le pied).
Le quatrième réflexe est de consulter un podologue afin de fabriquer des semelles orthopédiques pour la marche. En effet, il est nécessaire de décharger dans un premier temps la zone atteinte.
Ces semelles doivent être transitoires. Elles seront sevrées (retirées) au fur et mesure de la rééducation.
Le cinquième et dernier réflexe consiste à ne pas prendre d’anti-inflammatoire et à ne pas appliquer systématiquement de la glace.
Quand reprendre la course à pied ?
Si vous avez bien lu l’article, tout le long de votre réhabilitation vous aurez poursuivi une activité physique. Cela améliore la vitesse de cicatrisation mais surtout permet de ne pas perdre toutes vos capacités physiques. En effet, cette baisse est le premier facteur de risque de récidive chez le coureur.
À la disparition des douleurs vous allez donc reprendre par un programme de remise PROGRESSIVE à la course.
Plus le temps de guérison a été long plus la reprise sera progressive.
Il est recommandé de vous faire accompagner par un spécialiste durant cette période, évitant ainsi tout faux pas.

Sources :
(2). Le syndrome de l’essuie-glace : Medial tibial stress syndrome: conservative treatment options R. Michael Galbraith and Mark E. Lavallee
Factors Contributing to the Development of Medial Tibial Stress Syndrome in High School Runners Jason E. Bennett, MSPT, ATC, Mark F. Reinking, MS, PT, SCS, ATC, Bridget Pluemer, MSPT, Adam Pentel, MSPT, Marcus Seaton, MSPT, Clyde Killian, PhD, PT
Abnormally Decreased Regional Bone Density in Athletes with Medial Tibial Stress Syndrome Håkan I. Magnusson, Nils E. Westlin, Fredrik Nyqvist, PerGärdsell, Ego Seeman, Magnus K. Karlsson
Risk factors for medial tibial stress syndrome in physically active individuals such as runners and military personnel: a systematic review and meta-analysis 2014-Hamstra-Wright
(3). L’aponévrosite plantaire :
Ribera 2016. Relationships between static foot alignment and dynamic plantar loads in runners with acute and chronic stages of plantar fasciitis: a cross-sectional study.
2015-Cheung – Intrinsic foot muscle volume in experienced runners with and without chronic plantar fasciitis.
2015-Hotta – The Association between plantar heel pain and running surfaces in competitive long-distance male runners.
2014-Beeson – Plantar fasciopathy: Revisiting the risk factors
2012-Sobhani – Epidemiology of ankle and foot overuse injuries in sports: A systematic review
À lire aussi :
Comment bien choisir ses chaussures de sport : https://gutai-training.com/comment-bien-choisir-ses-chaussures-de-sport/
La récupération en ultra-trail : https://gutai-training.com/recuperation-ultra-trail/

Loïc Lepoutre, Innov Training CMO
Le sport est mon mode de vie depuis l’âge de 12 ans. Aux premiers coups de pédale sur mon vélo bleu, la passion du sport m’a envahie. A un point tel qu’aujourd’hui je travaille dans le sport, je respire grâce au sport, je vis par le sport… Au fil des années, les rencontres et les expériences se sont multipliées. Que ce soit dans le cyclisme, le basket, la course à pied ou plus tard dans le triathlon, elles m’ont permis de grandir et d’évoluer. La bienveillance de mon métier de masseur-kinésithérapeute et mon expertise en tant qu’entraîneur, ont expérimenté et modelé ma vision de l’entraînement « Aider l’athlète en lui apportant de façon honnête toutes les clefs pour réussir “
